On connaissait les correspondances avec Caillois ou Drieu, mais il semblerait que Victoria Ocampo, moins célèbre en France que sa soeur cadette Silvina - laquelle bénéficie du double rayonnement de son mariage avec Bioy Casares et de l'amitié de Borges- ait trouvé le temps, outre la fondation de la prestigieuse revue SUR, d'écrire une autobiographie dont quelques pans, peu à peu, sont offerts à la publication. Ce " rameau de Salzbourg" au titre stendhalien en diable n'est pas le moindre, double histoire d'un amour,ardent, et d'une (re)conquête de soi, nécessaire, envers/contre tous...
D'une enfance privilégiée au coeur d'une grande famille argentine, cette aînée de six filles conserve l'image d'une "jeunesse sous cloche" sans liberté, non sans amour. Et d'avouer à propos de ses parents:" Les faire souffrir me paniquait physiquement."
Quatre mois seulement après un mariage au goût de désastre, malgré des dehors mondains et cosmopolites, elle croise Julian Martinez, un avocat, cousin de son époux. "Ce soir-là (premiers jours d'Avril), je montai dans ma chambre et regardai longuement ma bouche pour essayer de deviner ce qui avait retenu son attention." Ensuite? Rien que de très banal - les rendez-vous clandestins, les retrouvailles à la sauvette dans des taxis, l'angoisse d'être épiés, dénoncés- et de cruel- les lettres et les coups de fil anonymes, le chantage de son époux... Pendant quatorze années.
Minée de l'intérieur par leur jalousie réciproque et par la lourde chappe du secret-"la consigne du silence sur tout"-, cette passion amoureuse a constitué pour Victoria une expérience des limites: "il me semblait que ma vie pendait à un fil." " Ces forces déchaînées en moi et par moi menaçaient de me disloquer si je ne les transformais pas en énergie constructive (secourable)."
Seuls recours contre la souffrance, la générosité de J.: " Ma maison est la tienne, comment veux-tu que je te le prouve? C'était si vrai que, deux ans plus tard, il acheta un terrain avenue des Incas et me demanda de dessiner sur un papier comment je voulais que fût sa maison. Elle fut construite et, pour chaque chose, je dus donner mon accord."
Mais avant tout, la lecture -de Proust, Dante, bientôt Tagore et Ortega y Gasset- et, bien sûr, l'écriture.
L'écriture comme rétablissement... Victoria Ocampo n'est certes pas la première à y avoir pensé, mais, clairement, elle nous a laissé dans ce texte le récit dense et douloureux d'un cheminement "vers la joie"... et ce n'est pas rien lorsqu'on est "désespérée de solitude dans une passion partagée et satisfaite. Désespérée d'amour."
Victoria Ocampo,Le rameau de Salzbourg, traduit de l'espagnol par André Gabastou, Bartillat éditeur, Paris, 2008.
D'une enfance privilégiée au coeur d'une grande famille argentine, cette aînée de six filles conserve l'image d'une "jeunesse sous cloche" sans liberté, non sans amour. Et d'avouer à propos de ses parents:" Les faire souffrir me paniquait physiquement."
Quatre mois seulement après un mariage au goût de désastre, malgré des dehors mondains et cosmopolites, elle croise Julian Martinez, un avocat, cousin de son époux. "Ce soir-là (premiers jours d'Avril), je montai dans ma chambre et regardai longuement ma bouche pour essayer de deviner ce qui avait retenu son attention." Ensuite? Rien que de très banal - les rendez-vous clandestins, les retrouvailles à la sauvette dans des taxis, l'angoisse d'être épiés, dénoncés- et de cruel- les lettres et les coups de fil anonymes, le chantage de son époux... Pendant quatorze années.
Minée de l'intérieur par leur jalousie réciproque et par la lourde chappe du secret-"la consigne du silence sur tout"-, cette passion amoureuse a constitué pour Victoria une expérience des limites: "il me semblait que ma vie pendait à un fil." " Ces forces déchaînées en moi et par moi menaçaient de me disloquer si je ne les transformais pas en énergie constructive (secourable)."
Seuls recours contre la souffrance, la générosité de J.: " Ma maison est la tienne, comment veux-tu que je te le prouve? C'était si vrai que, deux ans plus tard, il acheta un terrain avenue des Incas et me demanda de dessiner sur un papier comment je voulais que fût sa maison. Elle fut construite et, pour chaque chose, je dus donner mon accord."
Mais avant tout, la lecture -de Proust, Dante, bientôt Tagore et Ortega y Gasset- et, bien sûr, l'écriture.
L'écriture comme rétablissement... Victoria Ocampo n'est certes pas la première à y avoir pensé, mais, clairement, elle nous a laissé dans ce texte le récit dense et douloureux d'un cheminement "vers la joie"... et ce n'est pas rien lorsqu'on est "désespérée de solitude dans une passion partagée et satisfaite. Désespérée d'amour."
Victoria Ocampo,Le rameau de Salzbourg, traduit de l'espagnol par André Gabastou, Bartillat éditeur, Paris, 2008.
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