mercredi 1 février 2012

Consulter les archives ( Un poème de Wendy Guerra).


J'ai trouvé ma photo dans la chronique sociale du 
                                       dix-neuvième siècle
la machine est accrochée à ma poitrine  il pleut fort
là-bas dans ma mémoire dans le verre liquide emprisonnant 
                                                  d'autres
    souvenirs
des archives désertiques qui expliquent
pourquoi je t'aime d'une façon   de cette façon équivoque et 
    impitoyable
comme si les lettres avaient mis six mois à apporter
                                               consolation
    et nouvelles de toi
Dans une vapeur au nom méditerranéen   tu arrives
avec la sténographie d'un code absurde je te demande de 
                                               revenir
j'écris emmitouflée   folle   sans fumer   sans me droguer
    sans drame
dans la proposition d'un mariage brisé   comme    la coupe
    d'albâtre 
que nous n'avons pas achetée   parce que nous n'avons jamais 
                                         eu cet appartement
    ensemble
vide   prêt à meubler
C'est l'an vingt et un et je ne trouve pas tes yeux sur mon 
                                                    manteau
je n'apparais pas dans les archives consultées
et j'ai beau chercher dans les journaux   


 
                                            si tu n'es pas là
                                                       Anaïs
      je n'existe pas. 




Wendy Guerra, poèmes inédits traduits du recueil Ropa interior,  Stock, Paris, 2009.

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