C'est étrange mais à effeuiller l'album, c'est le titre d'un autre livre de photographies qui s'impose à moi. Pourtant aucune superposition, ni croisement possibles. Là où Guibert soigne le cadre et la définition des contours, dans un noir et blanc glacé, les images volées de Peter Mangone nous invitent à une danse joyeuse et mélancolique au plus près du corps, du visage et du regard de Marilyn. "Le seul visage"... Oui, Peter Mangone, et après lui ceux qui ont donné vie à cette pellicule disparue pendant plus de cinquante ans ont certainement eu l'expression aux lèvres...
Les couleurs dans leur dégradé enregistrent la captation d'une fin de journée dans le New-York des années cinquante. Un peu passées, bleutées comme un soir qui tombe, leur grain, visible, leur flou racontent le mouvement, la fébrilité et l'excitation des deux protagonistes. Photographies à la beauté intemporelle de Polaroïds fixant une balade en ville, une flânerie, une visite chez Elizabeth Arden, un col de fourrure sombre...
Peut-être bien qu'il fallait l'avidité et la naïveté de regard d'un très jeune garçon pour réussir la capture frémissante de ce visage offert - sans autre dérobade qu'une ombre quelquefois qui s'y pose, d' inquiétude ou d'absence. Quelquefois seulement, mais on sait que dans ce retrait fugace se tient Marilyn qui, se défendant des mots, leur confiait:
"Seule!!!!
Je suis seule. Je suis toujours seule
quoiqu'il arrive
(...)
Mes sentiments ne trouvent pas à se développer dans les mots."
Marilyn Monroe NYC, 1955. Danziger Gallery, NY, 2012.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire