Photographies trouvées dans un bric-à-brac d'Amsterdam et reproduites, isolées, grossies, troublées, ou rassemblées façon planche contact- presque toutes ont pour sujet une jeune femme blonde, au visage enfantin, oscillant entre mélancolie et fous rires, malice et gravité. On devine un quotidien d'adolescente timide et affranchie, dans les années soixante-dix, du style à se prendre en photo dans le miroir... ou encore, à demi nue, à peine provocante, touchante dans ses poses de pin-up maladroite; son décor familier aussi, ses livres, son mur "labyrinthe", ses copines lors d'un gala d'école...
Qui est cette fille? A-t-elle réellement existé? On s'en fiche, tout comme on se fiche de savoir si tout est faux et truqué dans ce livre.
La fiction projetée à partir de ces photographies, celle d'une jeunesse perdue, de sa perplexité, voire sa détresse, nous suffit. Arrangées par l'artiste, retravaillées au feutre, décadrées, floues, elles nous rappellent bien sûr nos propres images, celles qui ont capturé un jeune moi défunt sans l'être tout à fait. Celui, persistant et irrémédiablement autre, qu'un "retour sur image" réactive parfois douloureusement. Des autoportraits de quelqu'un d'autre...
Elisabeth captive, dans ces clichés abimés, délibérément lésés, meurtris presque, par les traces du temps qui a passé: poussières, scories, salissures diverses. Est-ce cela qui leur a valu d'être rapprochés de ceux de Gerard Fieret ou Miroslav Tlichy? C'est en tout cas oublier d'où parlent ces deux photographes...
Elisabeth, elle, parle peu, et gauchement. Elle est plutôt "parlée" par les autres: pour une seule lettre signée de son prénom, on en effeuille plusieurs, trop soignées, glissées entre les pages, sur papier de soie coloré. Elles disent malaise, déprime, comme des échos trop réels (Ce sont les textes de courriers, de cartes postales adressés à une fille nommée Elisabeth) des silhouettes qui ouvrent et ferment le livre de Mariken Wessels. Deux filles détournant le regard, un gars solitaire, des pavés déserts que tache un voile pâle...
L'adolescence, quoi, en gris et blanc...
I am much better now.
I am in hospital, but i thinck
I can go out soon, maybe.
I feel very much better.
I want to see you but you
are not in Holland.
Can you comme please.
I want to see you.
I'm missing people all the
time and i miss you.
How are you.
Are you okay. The last time
i saw you it was nice and
i felt very much better.
Are you still living in Brussels.
I don't know but i liked the
house you lived and the
streets there.
I want to eat.
Elisabeth.
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