Pour inaugurer l'année 2013, rien de mieux à l'horizon immédiat( le Joan Didion, écrit autour de la mort de sa fille Quintana ne sortira que la semaine prochaine et le temps m'a manqué jusque là pour ouvrir les deux volumes d'Alejandra Pizarnik sortis chez Ypsilon fin novembre...) que la reprise des entretiens inédits de Marguerite Duras, évoqués hier encore, dans la fébrilité de l'avant "coup de feu" de la Saint Sylvestre et du dernier post de l'année! J'y parlais sérénité, détachement; à re-feuilleter le livre, dans la somnolence de l'"after"... j'ai manqué de décrire les poussées de fièvre, la reprise exigeante, la mise en tension... Surgies au détour d'un mot ou d'une idée amenés par son interlocutrice, Marguerite Duras - elle y excelle- vrille chacun(e) jusqu'au point où elle en extrait cette phrase au rythme inimitable, là où les mots se tiennent au plus au près de ce qu'elle veut partager. Cette phrase, sa phrase, définitivement, nous ravit.
...Une injonction très ancienne, la nécessité de se mettre là à écrire sans encore savoir quoi: l'écriture même témoigne de cette ignorance, de cette recherche du lieu d'ombre où s'amasse toute l'intégrité de l'expérience.
(...)
J'écris pour me vulgariser, pour me massacrer, et ensuite pour m'ôter de l'importance, pour me délester: que le texte prenne ma place, de façon que j'existe moins. Je ne parviens à me libérer de moi que dans deux cas: par l'idée du suicide et par celle d'écrire."
Marguerite Duras, La passion suspendue, entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre, Seuil, Paris, 2013.
"... le processus même de votre écriture?
(...)
J'écris pour me vulgariser, pour me massacrer, et ensuite pour m'ôter de l'importance, pour me délester: que le texte prenne ma place, de façon que j'existe moins. Je ne parviens à me libérer de moi que dans deux cas: par l'idée du suicide et par celle d'écrire."
Marguerite Duras, La passion suspendue, entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre, Seuil, Paris, 2013.
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