"Dans des hôtels qui avaient l'air d'organismes vivants.
Dans des hôtels pareils à l'intérieur d'un chien de laboratoire.
Enfoncés dans la cendre.
Ce type-là, à moitié nu, mettait la même chanson encore et encore.
Et une femme, la projection holographique d'une femme, sortait sur la terrasse
contempler le cauchemar ou les éclats.
Personne ne comprenait rien.
Tout était raté: le son, la perception de l'image.
Des cauchemars ou des éclats encastrés dans le ciel
à neuf heures du soir.
Dans des hôtels qui avaient l'air d'organismes vivants de films de terreur.
Comme lorsqu'on rêve qu'on tue quelqu'un
qui n'en finit jamais de mourir.
Ou comme cet autre rêve: celui du type qui évite
une agression
ou un viol et cogne sur l'agresseur
jusqu'à mettre ce dernier par terre et là il continue à le cogner
et une voix ( mais quelle voix?) demande à
l'agresseur
comment il s'appelle
et l'agresseur dit ton nom
et tu arrêtes de cogner et dis ce n'est pas possible,
c'est mon nom,
et la voix ( les voix) disent que c'est un hasard,
mais toi dans le fond tu n'as jamais cru aux hasards.
Tu dis: on doit être parents, tu es le fils
de l'un de mes oncles ou de mes cousins.
Mais lorsque tu le relèves et que tu le regardes, si maigre, si fragile,
Tu comprends que cette histoire aussi est un
mensonge.
C'est bien toi l'agresseur, le violeur, l'inepte
braqueur
Qui erre dans les rues inutiles du rêve.
Alors tu retournes aux hôtels-coléoptères, aux hôtels-araignées,
lire de la poésie au bord de la falaise."
Roberto Bolano, Les chiens romantiques, poèmes 1980-1998, C.Bourgois, 2012.
Photographie: Andre Cepeda, (série: Rien).
bonjour, mon commentaire n'a d'autre raison d'être ici que la date récente de ce message. Trouvant par hasard votre blog, je le trouve intrigant et beau; les textes qu'il renferme par éclats forment comme un contour ou un négatif de votre visage invisible. Si vous le voulez, vous pouvez m'écrire à cette adresse / belli.manon@laposte.net
RépondreSupprimeren tout cas merci, et bonne journée, bonne lecture.
Belli