C'est une journée d'un été qui se prolonge. La maison de vacances ressemble à une datcha, en lisière d' une forêt. Tout près, un lac, à moins que ce ne soit une rivière, où se baigner, s'éclabousser, se poursuivre. Les enfants, en bande, ne manquent pas de livrer leurs jeunes corps à cette fraîcheur, cette limpidité qui est encore la leur, dans une nudité évidente.
Les enfants, encore eux, toute une troupe d'avant l'adolescence, ont pour ainsi dire absorbé la lumière estivale. Ils resplendissent. D'inconscience. De beauté. Pas un qui ne soit radieux. Autour d'eux, un frisson agite la cime des arbres hauts. On y joue, on y grimpe. A l'abri de leurs branches basses, espace propice, on imite les adultes: bière, cigarettes... rituels immuables, hélas, dévolus à la clandestinité que réclame l'angélisme contemporain.
C'est une longue journée d'un été qui s'étire, comme la jeune femme, celle qui photographie - on ne peut pas deviner cela à moins de connaître son visage, rétrospectivement. Perchée en équilibre sur le rebord d'une fenêtre qui ouvre sur le jardin, quelques journaux jetés en vrac sur le lit froissé, un prélude à une sieste qui pourrait être amoureuse. Elle aussi est nue,mince, hâlée. Plus loin dans la maison fraîche, ombrée, un homme jeune s'est endormi à même le sol auprès de son fils. Ailleurs, une autre fois, l'homme est étendu sur le ventre, le visage englouti dans un oreiller, posture d'abandon ou de refuge. Un lit à une place, sommaire - toile rayée du matelas, structure de métal. Le carré de la fenêtre. Entrent les cris des enfants, les conversations chuchotées ou les éclats de rires, peut-être même la fumée d'une cigarette ou d'un joint.
La femme,
encore elle, retient ses cheveux de ses mains,
pensive, réticente presque à la capture. Les plus jeunes arborent jeans et tee-shirts aux volumes
identifiables des années soixante-dix. Ils dansent à l'intérieur,
s'attrapent en chahutant, dans l'oubli d'eux-mêmes et de celle qui les
photographie.
Bientôt le soir va tomber. Il sera temps, un jour, longtemps après, de marquer d'une croix crayonnée les images prises pêle-mêle ces jours de grâce et de les offrir au regard.
Bertie van Manen, Eastern and Oak trees, Mack, 2013.
Les enfants, encore eux, toute une troupe d'avant l'adolescence, ont pour ainsi dire absorbé la lumière estivale. Ils resplendissent. D'inconscience. De beauté. Pas un qui ne soit radieux. Autour d'eux, un frisson agite la cime des arbres hauts. On y joue, on y grimpe. A l'abri de leurs branches basses, espace propice, on imite les adultes: bière, cigarettes... rituels immuables, hélas, dévolus à la clandestinité que réclame l'angélisme contemporain.
C'est une longue journée d'un été qui s'étire, comme la jeune femme, celle qui photographie - on ne peut pas deviner cela à moins de connaître son visage, rétrospectivement. Perchée en équilibre sur le rebord d'une fenêtre qui ouvre sur le jardin, quelques journaux jetés en vrac sur le lit froissé, un prélude à une sieste qui pourrait être amoureuse. Elle aussi est nue,mince, hâlée. Plus loin dans la maison fraîche, ombrée, un homme jeune s'est endormi à même le sol auprès de son fils. Ailleurs, une autre fois, l'homme est étendu sur le ventre, le visage englouti dans un oreiller, posture d'abandon ou de refuge. Un lit à une place, sommaire - toile rayée du matelas, structure de métal. Le carré de la fenêtre. Entrent les cris des enfants, les conversations chuchotées ou les éclats de rires, peut-être même la fumée d'une cigarette ou d'un joint.
Bientôt le soir va tomber. Il sera temps, un jour, longtemps après, de marquer d'une croix crayonnée les images prises pêle-mêle ces jours de grâce et de les offrir au regard.
Bertie van Manen, Eastern and Oak trees, Mack, 2013.
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