vendredi 16 août 2013

MINA LOY / La rose métisse

 

Mina Loy a créé, vécu, aimé, au début du vingtième siècle, à l'ère des avant-gardes, mais c'est de son compagnon qu'il est toujours question lorsqu'on tente de l'extirper du gouffre d'ombre et de méconnaissance où gît son souvenir. Pas une notice biographique qui ne fasse mention de l'identité de l'époux fameux, extravagant et insaisissable: Arthur Cravan.  Alors qu'une récente réédition de "Maintenant" est disponible, les trois volumes des écrits de Mina Loy sont, eux, quasi introuvables et la renvoient de fait à une invisibilité cruelle. Fascinante de beauté, Mina Loy ne serait plus qu'une icône dans la longue liste des muses et des égéries si ne subsistaient encore les pages de "La rose métisse", ahuries et épiques, à l'esthétique baroque, mélange de Fin-de-siècle et de modernisme.
Poème autobiographique, cartographie des sentiments,  - les expressions, communes, ne livrent rien de la densité de ce qu'on lit ici. Littérature "irrémédiable" - et voici que l'on s'approche un peu plus. Le souffle court si près d'une première lecture,  difficile d'en rendre compte avec un tant soit peu de justesse - en voici donc un extrait, brevissime, mais l'heure semble se prêter à une divagation nocturne...


" Une invasion de voiles
enveloppe la raison verte de nos ailantes,
dans l'aile de la translucidité. 
(...)
De nuit,
la disgrâce -
décès dans la démence,
des lambeaux de linceul pendent
aux os de la folie. "

Mina Loy, La rose métisse et autres poèmes,  L'atelier des brisants, collection Comme, 2005. Traduction Olivier Apert.