lundi 31 décembre 2012

MARGUERITE DURAS / La passion suspendue, entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre


"Oh la jolie voix, et que je pleurerais de plaisir à l'entendre..." écrivait Colette se souvenant de Sido.

Pour nous, nul besoin de pleurer: comme un dernier cadeau de Noël, une belle façon de clore l'année, les entretiens inédits de Marguerite Duras avec une jeune journaliste italienne, à la fin des années quatre-vingt. Ils étaient inexpliquablement restés dans l'ombre alors que les publications autour de la diva des lettres françaises n'ont cessé de submerger les tables des libraires...
Dans sa courte préface René de Ceccaty conte la redécouverte de ces "moments of being" d'une Duras confiante, sereine, moins poseuse ou minaudière que face à d'autres interlocuteurs, plus imposants ou fascinés. Loin d'évoquer son parcours dans une parole un peu raide, que figeraient parfois des formulations ou des silences emphatiques, souvent raillés, elle s'entretient, acceptant de répondre sans détours au questionnement respectueux et ferme qui est celui de Leopoldina Palotta. Certes, on peut trouver que la complicité est moindre si l'on compare aux livres issus des rencontres avec Xavière Gauthier ou Michelle Porte, mais l'interviewer n'est pas de la même génération... et elle s'obstine à maintenir le dialogue entre les travées de quelques repères biographiques, de quelques axes forts de l'oeuvre. L'altérité qui est la sienne - culturelle, linguistique- est probablement libératoire pour une Marguerite Duras déjà meurtrie, fatiguée, protégée des intrusions indélicates par Yann Andréa. En deux années, de 1987 à 1989, sont abordés sans détours, de manière très directe: la passion -centrale, première- le cinéma, Lol.V.Stein, l'écriture, l'Amant, la mère... et une fois encore, peut-être la dernière, se fait entendre la musique inimitable, singulière, d'une voix...

Extrait:

"...Ma vie est passée à travers ma mère. Elle était en moi jusqu'à l'obsession. Je serais morte enfant, je crois, si elle était morte. Je ne crois pas que je me sois remise, depuis le jour où, il y a si longtemps, nous nous sommes quittées.

Quel type de femme c'était?
Exubérante, folle, comme seules les mères savent l'être. Dans l'existence d'une personne, je crois, la mère est, dans l'absolu, la personne la plus étrange, imprévisible, insaisissable que l'on rencontre. (...)

Que voyez-vous aujourd'hui de votre mère?
Sa folie m'a marquée à jamais. Son pessimisme aussi. Elle vivait dans l'attente incessante d'une guerre, d'une catastrophe naturelle qui nous aurait anéantis, tous. Elle est parvenue à me laisser ce sentiment, fort, paysan, de l'intimité domestique, comme un bastion, un refuge qu'elle savait créer dans chacune de nos maisons.(...)

Vous aviez tout juste dix-huit ans quand vous êtes partie seule pour Paris.
J'ai compris que j'avais commis une erreur d'attendre toutes ces années, derrière une porte, que ma famille s'aperçoive de ma présence. Je voulais recommencer, prouver à ma mère que je pourrais m'en sortir. Est-ce qu'on ne fuit pas tous sa maison parce que la seule aventure possible est celle que notre mère a déjà prévue?"


La passion suspendue, entretiens de Marguerite Duras avec Leopoldina Pallotta della Torre, Seuil, janvier 2013.







jeudi 27 décembre 2012

PIERRE JEAN JOUVE /

 
"Qu'est ce que l'imagination? C'est un rapport de liberté avec l'inconscient, et un charme jeté sur le monstre."


Photographie: Eric Rondepierre.




PATRICK MODIANO / Fleurs de ruine


C'était en novembre, rue Gay-Lussac, ou bien rue de l'Epée, d'un café l'autre, entre deux séances de cinéma au Studio des Ursulines... Un jeune couple meurt étrangement après une nuit de fête et d'errance lors de laquelle il aurait fait la rencontre -funeste?- d'un homme mystérieux, aux visages multiples...
C'était il y a longtemps, l'époque d'avant le périphérique, " qui vous donne une sensation d'encerclement. Les portes de Paris, en ce temps-là, étaient toutes en lignes de fuite, la ville peu à peu desserrait son étreinte pour se perdre dans les terrains vagues." Les cafés accueillaient déjà de drôles d'oiseaux de nuit, et les enfants pouvaient se perdre dans la ville sans fin avant que la porte d'une chambre d'hôtel ne s'ouvre pour les réchauffer -ou les engloutir.

  Palimpseste mélancolique sillonné par les silhouettes du père et du frère disparus, de quelques marlous et autres décadents, "Fleurs de ruine" - un titre huysmanien en diable- célèbre à sa façon l'autre rive, celle de tous les dangers, de toutes les rencontres non moins que la séduction absolue exercée par le beau visage triste d'une sage jeune fille... Tout passe, et malgré les déceptions et les pertes seul cela demeure: un visage, un regard, bouleversants.

A moins que... comme un mirage surgi de sous les pavés humides, brouillé, elliptique même, il ne s'agisse en fait d'une autre cité: Vienne, où le narrateur et sa petite amie ravie à un riche protecteur se sont enfuis; Vienne où Jacqueline vit peut-être encore, sans que désormais il le sache; Vienne qui ne cesse de se réécrire, impériale ou rouge, au gré de son histoire, et de façon plus intime et diffuse, au gré de nos histoires d'amour, de toutes les histoires d'amour...

Je suis sûre  que "Fleurs de ruine" ne raconte pas vraiment ce que j'en dis là. Ce que ces fleurs étranges proposent est évidemment autre que ce que j'y ai mis, comme il se doit dans toute lecture. Reste que, de cet enlacement, le visage d'Anna Karina dans "Vivre sa vie" s'est imposé à moi.

mardi 18 décembre 2012

ALDA MERINI / L'altra verita. Diaro di una diversa.



Anna  Kavan, Janet Frame, Lara Jefferson, Leonora Carrington... toutes ces femmes ont en commun une douloureuse expérience, celle de la folie et de l'internement asilaire. Un voyage tout "en bas",  au fond de la déraison,  qu'une autre a pareillement vécu et écrit, avec l'aveu qu'"on ne sort jamais complètement de l'asile".

Cette "autre" dans la "ronde des folles" se nomme Alda Merini, elle est italienne, elle est l'auteur d'un récit incroyable sur le martyre qu'elle a enduré pendant dix années et qui l'aura marqué à vie, dans sa chair et dans sa langue. Ce texte est disponible en français depuis octobre 2010 aux  éditions de la revue Conférence, dans une traduction de Franck Merger.

Alors, pourquoi, là, aujourd'hui, alors que j'ai lu "L'autre vérité" il y a deux ans  déjà?  En cause, la puissance d'une parole. J'ai feuilleté plusieurs fois, et plusieurs fois reposé le livre pour mieux éprouver ce qui repose entre les mots d'Alda Merini. La souffrance, l'expérience du rejet et de l'abandon, la nécessité d'écrire... Comment un être sensible peut-il endurer une telle cruauté, de tels traitements et garder intacts le désir de vivre, la capacité d'aimer? C'est le mystère de ce livre et sa force, certainement.

Poètesse tôt reconnue, Alda Merini élève ses deux jeunes enfants lorsqu'elle subit une première crise  psychique, liée probablement à l'épuisement et à la perte de sa propre mère, très aimée.  La réaction de son mari est sans nuances: elle est internée dans "l'enfer profond de l'asile Paolo Pini". Nous sommes en 1965. Elle est dès ce jour abandonnée de sa famille, séparée impitoyablement de ses enfants - Ils" provoquaient en (elle) peurs et hallucinations"; plus tard elle accouchera d'une petite fille qui lui sera arrachée peu de temps après sa naissance, source d'un chagrin épouvantable.

 Dans la solitude, apeurée par ce qu'elle perçoit tout de suite  de violence et de démence organisée dans le système asilaire, elle entame sa longue découverte des territoires de l'abjection: l'espace carcéral, insalubre - son premier souvenir: les odeurs d'urine et de merde; les corps dégradés et dangereux de ses comparses aliénées, "assassinées par l'indifférence"; le personnel sadique  (Elle échappe à trois tentatives de viol) au mieux, incompétent. Obscurs, méconnus, infamants,  les lieux de l'asile génèrent eux-mêmes un mode de vie "frappé du sceau de la folie" et comme tels ils se sont inscrits en elle. 

 A lire "L'autre vérité", écrit après un recul de vingt années, on peut entrevoir ce que c'est que la dévastation. Seule la force vive d'Alda Merini a pu rendre possible que de ce gouffre une parole surgisse, qui  ne soit pas d'amertume mais de colère envers les bourreaux (le corps social qui est complice de ces pratiques) et de compassion pour celles et ceux qui furent ses compagnons de martyre, dans "une solitude de coupables et de réprouvés".

...J'ai relu mes notes, les extraits que j'avais recopiés en vue de les relire, de les utiliser ici ou là. J'ai ainsi couvert plusieurs pages de passages désolés ou brûlants, exploration crue, fragmentée, d'une  forme d'horreur que nous produisons nous-mêmes.

Etrangère, Alda Merini? à un monde veule et criminel, certainement; à nous autres, c'est beaucoup moins sûr...

"Ce que je ne parvenais pas à comprendre, c'était la manière dont j'avais échoué en ce lieu et l'étendue de la haine qu'il avait fallu à mon mari pour me faire enfermer dans un hôpital psychiatrique.
 Ce matin-là, les infirmiers m'avaient appelée et mise nue, puis m'avaient habillée d'une chemise et d'une robe de chambre grossière, qui me faisaient perdre mon identité.
Je souffrais moralement d'une façon infinie. J'aurais voulu crier, mais la révolte n'arrivait pas. Je consentais déjà à mon sort, presque passivement. Il avait suffi de quelques piqûres de Leptozimal.(...)
Je me réveillai deux jours plus tard. J'avais la tête lourde et vide. Je regardai les lits putrides, qui avaient tout l'air d'être faits de haine et de bile; je regardai les oreillers, sur lesquels le repos n'était sans doute jamais descendu. Je me mis alors à pleurer en silence, agrippée aux barreaux de ma fenêtre. Les autres patientes me contemplaient en ricanant méchamment.(...)
Vingt ans se sont écoulés et, pourtant, quand je repense à la façon dont un être humain peut transformer la réalité, ma perplexité demeure pleine et entière. Ce même jour, ma soeur, accompagnée de mon mari, vint réclamer mon corps, si on peut dire. Elle déclara que c'était un scandale, qu'il s'agissait d'une erreur. Mais de mon côté j'étais déjà si traumatisée, si brisée, si broyée que je me refusai à la suivre. Je m'accroupis au pied du lit et je me mis à glapir exactement comme un chien."


Alda Merini, L'autre vérité, journal d'une étrangère, éditions Conférence, 2010.




mardi 11 décembre 2012

GEZA CSATH / Le jardin du mage




" Il y a certaines choses qu'on ne peut pas réparer. D'ailleurs, on ne peut rien réparer...Chacun de nos pas fait progresser notre perte, ainsi que la perte des autres."

Géza Csath, Le jardin du mage, L'arbre vengeur, 2006.


En attendant de finir la lecture de Dépendances, journal des années 1912 et 13 furieusement éroto/morphino-mane signé Céza Csath aka le psychiatre Jozsef Brenner...

photographie: André Cepeda, série River, sur son site www.andrecepeda.com.

vendredi 30 novembre 2012

DEZSO KOSZTOLANYI / Le cerf-volant d'or

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"Son chapeau de paille à larges bords ombrageait un visage ordinairement assombri par des cheveux bruns et des yeux profonds. Elle portait une robe de petite fille en baptiste et des souliers noirs à talons hauts, un peu usés. Elle ne souriait pas. Elle était sérieuse, très sérieuse.
Tibor contempla sa grande bouche ondoyante. Il la considéra longuement, comme si elle lui disait quelque chose- or elle restait silencieuse. Lui seul balbutiait, de temps à autre:
-Ma chérie...
Hilda permettait à ce mot, le seul que le jeune homme connût, d'inonder son visage.
Ce fut là toute leur conversation."

 Deszo Kosztolanyi, Le cerf-volant d'or, Viviane Hamy, 1993, traduction:Eva vingiano & Pina Martin. 
Photographie: Sarah Moon.

vendredi 23 novembre 2012

JUNKIE /

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"A l'origine, il s'agit d'un camelot, d'un chiffonnier qui cherche à acheter du métal, du bois ou des vêtements. Les toxicomanes new-yorkais, ayant compris que les ordures pouvaient rapporter de l'argent, parcouraient les tas d'ordures de la ville pour trouver du métal abandonné et gagner de l'argent en le vendant."


Martin Booth, Opium: a history; cité dans "Le terrain de jeu du diable", Nan Goldin, Phaidon.

lundi 19 novembre 2012

MOINS DE CENT PAGES... ET ALORS? (1)

Au départ ce post devait  constituer une proposition de lectures à emporter dans les valises d'été,  avec la double promesse de ne pas alourdir lesdites valises et de savourer quelques pages inoubliables, sur le principe qu'un grand livre n'est pas forcément un gros livre...Le temps a passé et voici que le hasard de vacances , automnales cette fois,  m'a fait redécouvrir quelques textes. Souvent peu chers, accessibles, peu cités ici ou là, pour tous ceux qui aiment être mis à l'épreuve d'une histoire, d'une écriture ou d'une voix. Pour vous et pour d'autres autour de vous, sur la foi de quelques pages/ lignes, voici les premiers...


Dostoïevski, Une femme douce. (éditions Ombres)

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On pourra m'opposer que Dostoïevski tient tout entier dans ses grands romans, trois d'entre eux au moins et que le film de Bresson, la tristesse lumineuse de Dominique Sanda, ont en quelque sorte recouvert ce texte. C'est pourtant un rare exemple d'hystérie masculine qui mérite attention! Odieux, égocentrique, manipulateur, le narrateur tente de façon pitoyable et finalement répugnante de se défaire de sa responsabilité dans le suicide de sa jeune épouse; mais le cadavre étendu sur la table veille à sa façon, et étend son ombre accablante sur cette sinistre logorrhée.  

Vladimir Nabokov, Bruits. (Editions 1001 nuits)
Il est des phrases en musique et en mots, qui semblent nous effleurer et laissent au contraire une empreinte tenace. Lâchées dans un texte frémissant comme une aile de papillon, auquel, aussitôt lu, on  retourne, quelques unes d'entre ces phrases sont dans cette nouvelle de 1912, longtemps inédite dans sa forme originale, intitulée Zvouki. Nabokov y réenchante un temps d'avant la révolution, au coeur d'un domaine russe, entre une aristocrate distante et un vieux moujik frustre...

"Chaque silence contient la promesse d'un secret. A beaucoup tu semblais secrète..."


Varlam Chalamov, Mes bibliothèques. (Editions Interférences)
Sur l'amour des livres, l'organisation d'une bibliothèque, peu de textes peuvent rivaliser avec le petit opus de Walter Benjamin; mais voilà, Chalamov a arraché chaque page qu'il a écrite à la terreur. Relégué dix-sept ans en Sibérie, l'auteur des récits de la Kolyma (le livre que je ne supporte pas d'offrir sans qu'il ne soit lu immédiatement. Ce que Chalamov a souffert d'un joug terrible, il faut le lire ou le laisser à d'autres.) fait l'aveu extrême de la nécessité des livres, salvatrice et douloureuse: "Je regrette de ne jamais avoir possédé ma propre bibliothèque".

Rosa Luxemburg, Lettres de prison. (éditions Berg international)
Les lettres données à lire dans ce petit volume sont toutes adressées à Sophie Liebknecht, épouse de Karl, l'autre fondateur de la ligue spartakiste. Toutes sont rédigées en prison et la dernière précède de trois mois seulement l'assassinat de Rosa Luxemburg en janvier 1919. Même si son engagement dans les luttes ouvrières et révolutionnaires affleure régulièrement, il n' est pas l'élément le plus remarquable de ces textes. Celle qu'on découvre ici est une femme pleine de curiosité, lectrice éclairée de Loti ou Hölderlin, amoureuse des bêtes, des paysages; une femme qui s'applique, malgré l'enfermement et la surveillance de ses geôliers, à dominer angoisse et désespoir en gardant intacte sa capacité à compatir et à aimer. Pourtant...
"Mon équilibre intérieur et ma joie de vivre sont malheureusement à la merci de la plus petite ombre qui passe, et j'éprouve alors des souffrances indicibles. Dans ces cas-là, ma réaction est simplement de me taire. Sans mentir, Sonitschka, je ne peux plus articuler un seul mot."

















 

dimanche 18 novembre 2012

D.H.LAWRENCE / Les filles du pasteur

 


Deux soeurs, isolées dans la campagne anglaise, étouffées par  l'aigreur de la maisonnée familiale, engagent leur vie sur des choix opposés. L'aînée  succombe au mirage d'une position sociale moins précaire; elle se livre à un époux malingre, un avorton répugnant qui la tient dans les serres d'un intellect inflexible et stérile. Coupée inexorablement de la possibilité d'un accomplissement sensuel -le seul qui vaille selon D.H.Lawrence, elle a choisi de renoncer à ce qui nous fait vivre...  
C'est à Louisa, la plus jeune, que Lawrence réserve le "feu sacré", la puissance vitale seule capable de conjurer le dépérissement qui s'annonce. Dans la bouche de cette jeune femme au physique plus ingrat que celui de son aînée, des paroles résonnent qui viennent de là où se forge le désir de vivre, d'aimer, d'exulter.  Pas très loin de ce que Susan Sontag, dans le premier volume de son journal, invoquait: affirmer son désir, ne pas tergiverser, hésiter, mais se construire sur ce que l'on veut, très fort, le plus fort possible.
Je n'ai pas encore achevé la lecture de "Daughters of the Vicar", il n'est pas difficile de deviner ce qu'il va advenir de Louisa et de l'homme qu'elle a élu, mais ce que j'avais envie de partager, ce soir, c'est l'évidente beauté du désir, cette force de vie.
"Ils ont tort; ils ont entièrement tort. Ils ont pulvérisé leur âme pour obtenir en échange ce qui n'a aucune valeur, et il n'y a pas un atome d'amour en eux. Et moi, je veux l'amour, je veux aimer, c'est mon droit. Je veux aimer l'homme que j'épouserai. Le reste m'est égal."
"They are wrong - they are all wrong. They have ground out their souls for what isn't worth anything, and there isn't a grain of love in them anywhere. And I will have love. They want us to deny it. They've never found it, so they want to say it doesn't exist. But I will have it. I will love - it is my birthright. I will love the man I marry - that is all I care about."