dimanche 15 mai 2011

Jeanette Winterson, The art of fiction (1997).

"En réalité, ce sont les livres qui ont les premiers créé ces poches de liberté, dont je n'avais pas autrement fait l'expérience. Je les vois comme des talismans, comme des objets sacrés. Je les vois comme ce qui va me protéger, je suppose, qui va me sauver de choses que je ressens comme menaçantes. Je pense toujours cela; cela ne change pas. Cela ne change pas, le fait d'avoir de l'argent, du succès. Et donc, dès le tout début, si je souffrais pour une raison ou pour une autre, je prenais un livre- c'était très difficile pour moi d'en acheter quand j'étais petite- et je partais dans les collines, et c'est ainsi que je calmais ma souffrance. C'est toujours le cas, pour moi. Quoi qu'il m'arrive,si j'ai du mal à y faire face, ou si je ne peux pas y faire face du tout, alors je prends un livre, peut-être quelque chose comme Quatre Quatuors, et je pars toute seule- je préfère de loin faire ça plutôt que de parler à quelqu'un- et je lis, et cela devient un baume,un onguent, de manière très réelle. Pour moi, les mots sont des choses, des choses vivantes. Pour moi, elles travaillent bien plus puissamment que toute autre méthode et, j'imagine, cela continuera jusqu'à ma mort."



Jeanette Winterson, The art of fiction, n°150, 1997, in Paris Review, anthologie volume II, Christian Bourgois, Paris, 2011.

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