samedi 5 mars 2011

Dix introuvables...

 Il est une pratique à laquelle je m'adonne avec une constance parfois inquiétante... la confection de listes.  Celles qui me procurent une grande satisfaction ont à voir, ce n'est pas une surprise,  avec la lecture et l'acquisition de livres: ceux que je lis, ceux que j' achète, les titres découverts chez des amis - à l'instar de Leonard Michaels les livres aperçus chez les autres me semblent irrésistibles...- et ceux à rechercher sans faillir... 
 De mars 2010 à Mars 2011, j'ai scrupuleusement tenté de me procurer certains ouvrages introuvables... En voici dix parmi lesquels certains ont rejoint les piles familières... en désordre, pour le plaisir...


Carnet de bal d'une courtisane, Griselidis Real, Verticales, collection Minimales, 2005.


Ceci est en quelque sorte un testament.(...) La vie, c'est-à-dire son bord ultime, m'a rattrapée, en un dernier défi, peut-être pour avoir trop vécu. Impressionnant carnet de rendez-vous où les pratiques, les façons, les particularités de chaque client de G.R. dite Solange, sont collectées implacablement. Ce qui est révélé ici de la prostitution comme Art, Science laisse étourdi et muet- sauf si l'on cherche à bien comprendre! Sont adjoints six textes pour enclore trente ans de métier dans un petit livre noir courageusement réédité...et indisponible. A faire circuler donc... Merci A.

Lettres à Felice, Kafka, Gallimard, La Pléïade,vol.IV, 1989.

Tu m'as écrit un jour que tu voudrais être assise auprès de moi tandis que je travaille; figure-toi, dans ces conditions, je ne pourrais pas travailler (...). Car écrire signifie s'ouvrir jusqu'à la démesure (...). C'est pourquoi on n'est jamais assez seul quand on écrit, c'est pourquoi, lorsqu'on écrit, il n'y a jamais assez de silence autour de vous, la nuit est encore trop peu la nuit.


Ariel, Sylvia Plath, Editions des Femmes, traduction de Laure Vernière, 1978.
La première édition en français du recueil qui a fait de Sylvia Plath un poète culte. Certes, la composition -choix et ordre- de l'ensemble revient à Ted Hughes et a depuis, été contestée... J'aimerais pouvoir dire que la maquette est belle... mais voilà, c'est du strict fétichisme...


Journaux, Adèle Hugo, Minard, 1968-1984.
Il est des bouquinistes dont l'antre regorge de trésors et à des prix incroyables... mais si... J'en connais qui se rendraient à Bruxelles, place du Jeu de Balle, au coeur du quartier populaire des Marolles, pour sonner chez le propriétaire  et pénétrer dans une librairie d'occasion bien nommée, L'Imaginaire... Je n'ose dévoiler le prix des trois volumes de ce journal de la "folle" fille de notre Victor national, quant à mes autres trouvailles.. Gageons qu'on en reparlera bientôt.
 
Une enfance américaine, Annie Dillard, Christian Bourgois, 1990.
Une autobiographie lumineuse,  par l'auteur du magnétique roman L'amour des Maytree...
En 1955, j'avais dix ans, les lectures de mon père lui montèrent à la tête. (...)
Les enfants de dix ans se réveillent et s'aperçoivent qu'ils sont ici-bas, ils découvrent qu'ils y sont depuis un certain temps; est-ce triste? Ils se réveillent comme des somnambules en marche (...) in medias res, entourés de personnes et d'objets familiers, capables de faire mille choses. Ils connaissent leur quartier, ils savent lire et écrire, ils maîtrisent quelques bons vieux mystères et pourtant, ils ont l'impression qu'ils viennent juste de débarquer, de converger avec leur propre corps, de sortir d'une transe, de s'insérer dans une vie étrangement familière qui est en branle depuis longtemps. (...)
Comme n'importe quel enfant, je me coulai en moi-même à la perfection, comme une plongeuse rencontre son reflet sur la piscine.



Mon Pouchkine, Marina Tsvetaeva, Clémence Hiver éditeur, 1987.
A Corn dans le Lot, quelqu'un n'a pas aimé lire ce texte. Il s'en est débarrassé aux puces. Nous passions par là...
Noire et blanche, sans nulle autre couleur, la chambre de ma mère; noire et blanche, la fenêtre: la neige contre les branches de ces arbustes, et ce tableau "Le Duel"- du noir contre du blanc, où sur la neige blanche on accomplit une chose noire, une chose éternelle et noire, où la foule, le noir tout noir, assassine- le poète.
Pouchkine fut mon premier poète, et mon premier poète, on l'a assassiné. 

Le jardin près de la mer, H(ilda) D(oolittle), La Différence, collection Orphée, 1993.


Tout commence pour moi avec la réédition de "Pour l'amour de Freud" en 2010; rapidement, je lis d'autres titres en français, sauf ce recueil de poèmes épuisé... Heureusement des stocks de la collection Orphée restent disponibles chez quelques soldeurs parisiens. Voilà.


Les impardonnables, Cristina Campo, Gallimard, collection L'arpenteur, 1992.
Parce que lire, pour Vittoria Guerrini alias Cristina Campo  c'est chercher à comprendre dans quel sens un esprit se meut; parce que, bien entendu, je lui ai emprunté, en la traduisant, la double interrogation en tête de SONTAG & I; parce que son portrait de Djuna Barnes dans La noix d'or est un des rares et beaux textes consacrés (et traduits) à cette autre grande dame des lettres du vingtième siècle- sans aucun doute.





Birthday, Dorothea Tanning, Christian Bourgois, 1989. 
C'est une histoire de femmes, celles de Max Ernst... Après Leonora Carrington et Peggy Guggenheim, entre autres, Dorothea Tanning, peintre surréaliste, a convoqué ses souvenirs de leur vie ensemble... Un texte repris plus tardivement, augmenté mais sans la photographie de couverture... Quelle erreur!










Le regard trouble,précédé des Lettres d'Oskar Kokoschka à Hermine Moos, Claude Jamain, éditions L'Improviste, 2006.
Les douze lettres du peintre-écrivain sont "les pages les plus folles que l'on ait jamais lues dans la correspondance d'un artiste" (Mario Praz)... Il commande une poupée devant figurer Alma Malher, l'amante perdue et adorée; elle exécute un monstrueux mannequin. Cette poupée méconnue inaugure bien sûr une série de tentatives modernes allant de Bellmer à Cindy Sherman, et illustre l'esthétique de la décomposition à l'oeuvre dans la Vienne des années 20.


















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