Deux soeurs, isolées dans la campagne anglaise, étouffées par l'aigreur de la maisonnée familiale, engagent leur vie sur des choix opposés. L'aînée succombe au mirage d'une position sociale moins précaire; elle se livre à un époux malingre, un avorton répugnant qui la tient dans les serres d'un intellect inflexible et stérile. Coupée inexorablement de la possibilité d'un accomplissement sensuel -le seul qui vaille selon D.H.Lawrence, elle a choisi de renoncer à ce qui nous fait vivre...
C'est à Louisa, la plus jeune, que Lawrence réserve le "feu sacré", la puissance vitale seule capable de conjurer le dépérissement qui s'annonce. Dans la bouche de cette jeune femme au physique plus ingrat que celui de son aînée, des paroles résonnent qui viennent de là où se forge le désir de vivre, d'aimer, d'exulter. Pas très loin de ce que Susan Sontag, dans le premier volume de son journal, invoquait: affirmer son désir, ne pas tergiverser, hésiter, mais se construire sur ce que l'on veut, très fort, le plus fort possible.
Je n'ai pas encore achevé la lecture de "Daughters of the Vicar", il n'est pas difficile de deviner ce qu'il va advenir de Louisa et de l'homme qu'elle a élu, mais ce que j'avais envie de partager, ce soir, c'est l'évidente beauté du désir, cette force de vie.
"Ils ont tort; ils ont entièrement tort. Ils ont pulvérisé leur âme pour obtenir en échange ce qui n'a aucune valeur, et il n'y a pas un atome d'amour en eux. Et moi, je veux l'amour, je veux aimer, c'est mon droit. Je veux aimer l'homme que j'épouserai. Le reste m'est égal."
"They are wrong - they are all wrong. They have ground out their souls for what isn't worth anything, and there isn't a grain of love in them anywhere. And I will have love. They want us to deny it. They've never found it, so they want to say it doesn't exist. But I will have it. I will love - it is my birthright. I will love the man I marry - that is all I care about."
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