"Je suis très concentrée sur ma panique.
Du tréfonds prenant des mesures préventives. Ma fille, lis ça quand tu auras perdu tout espoir comme aujourd'hui. Tu es mon seul trésor. Tu mords et cries et ne me laisses pas en paix, mais tu es mon seul trésor. Alors écoute-bien; prends ce sirop, viens dans mes bras, et repose-toi; dors, je veillerai sur toi et je n'ai pas peur; dors, dors.
Je suis grande, je reste éveillée très tard.
Je veux te dire la chambre immobile et tout ce qu'il y a dedans et pas de ville dehors ni réseaux de parenté. Ici j'ai des machines pour me distraire, une télé de chevet, des bandes magnétiques, des cartes
postales, des cahiers de différentes tailles, un coupe-ongles, deux pyrex et j'en passe. Rien dehors et ma tête parle toute seule, comme ça, dans un mouvement
pendulaire: apparaître, disparaître. Retiens bien cette chambre étale avec machines, tête et pendule qui battent. Retiens-la bien. Ça comptera plus tard."
Ana Cristina César, Gants de peau & autres poèmes, traduction de Michel Riaudel et Pauline Alphen, Chandeigne, 2005.
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